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CORNEILLE Pierre

« Le Cid, Tragi-Comédie » 

 

A Paris, Chez Augustin Courbe, Libraire & Imprimeur, in-4, 1644, (4) ff.-112 pp., relié.

 

Reliure plein maroquin rouge, dos à quatre nerfs, titrage doré, ville et date en queue, toutes tranches dorées, double-filet sur les coupes, dentelle dorée en encadrement intérieur des plats, quelques rares rousseurs, petits accrocs sur le mors et le coin supérieur du premier plat.

 

Reliure signée Chambolle-Duru.

 

Édition faite sur celle de 1639 in-4 et de texte identique ; la dédicace n'est pas en italique. Camusat et Le Petit ne sont pas mentionnés au privilège qui est celui de 1637 ; l'achevé d'imprimer est du 24 mars 1637.

La troisième strophe des Stances est de la version de l'édition in-12 (1637) ; quelques différences d'orthographe et quelques fautes de typographie font reconnaître cette édition de celle de 1639 ; le titre courant qui est Tragicomédie dans l'édition de 1639 est ici Tragi-Comédie.

On trouvera les différences p. 13, premiers vers ; p. 15 ; p. 33, deuxième ligne ; p. 83, premier vers. A noter que la pagination est erronée : la dernière page indique 110, mais les pages 95-96 sont répétées.

Les exemplaires de Courbé sont rares.

Tchermerzine « Éditions originales et rares XVe-XVIIIe siècle » ; Tome 2, pp. 531-537

 

Corneille avait déjà composé la tragédie de Médée, quand il emprunta aux auteurs espagnols le sujet du Cid. Ce fut, dit-on, à l'instigation de l'évêque de Chalon qu'il abandonna le théâtre de Sénèque pour suivre les traces de Guillen de Castro. Les Mocedades del Cid et les diverses romances du Cid donnèrent naissance à une tragédie qui excita, dès qu'elle parut, l'admiration universelle. Voltaire a cru découvrir, en 1764, que la pièce de Corneille avait été presque mot à mot traduite d'une pièce de Diamante, intitulée : El Honrador de su padre, mais il a été démontré depuis que Diamante n'avait fait que traduire la tragédie française vingt ans plus tard.

 

Si l'on en croit les frères Parfaict (Histoire du Théatre François, t. VI, p. 92), le Cid fut représenté vers la fin de novembre 1636. Il fut joué par Mondory et sa troupe, et les acteurs montrèrent tant de talent, que les adversaires du Cid leur attribuèrent tout le succès de la nouvelle tragédie.

 

«Il est malaisé, dit Pellisson (Relation concernant l'histoire de l'Académie françoise, 1653, in-8, pp. 186 sq.), il est malaisé de s'imaginer avec quelle approbation cette pièce fut reçue de la cour et du public. On ne se pouvoit lasser de la voir, on n'entendoit autre chose dans les compagnies, chacun en sçavoit quelque partie par cœur, on la faisoit apprendre aux enfants, et en plusieurs endroits de la France il estoit passé en proverbe de dire: Cela est beau comme le Cid.»

 

L'immense supériorité du Cid sur toutes les productions dramatiques qui l'avaient précédé excita la jalousie de tous les auteurs 14qui tenaient alors le premier rang dans l'estime publique. Les Mairet, les Claveret, les Scudéry, ces anciens amis de Corneille, se déchaînèrent contre lui avec une véritable fureur. Ils entassèrent libelle sur libelle, injure sur injure, sans parvenir à ternir la gloire du poëte, qui leur répondit en homme qui a la conscience de sa force et de son génie. Il eut pour lui le public et une puissante protectrice, Anne d'Autriche, qui vit avec bonheur sur la scène les héros de sa chère Espagne. La reine paralysa quelque peu les mauvaises dispositions de Richelieu, qui, dans sa jalousie contre le Cid, prenait plaisir à le voir jouer par des laquais et des marmitons. C'est très-vraisemblablement à son influence que Pierre Corneille le père dut les lettres de noblesse qu'il reçut en janvier 1637. Mme de Combalet, à qui fut dédiée l'édition originale du Cid, s'intéressa très-chaudement à l'auteur. C'était la nièce et, si l'on doit ajouter foi aux récits souvent suspects de Guy-Patin et de Tallemant des Réaux, plus que la nièce du cardinal. Son intervention eût pu calmer les jalousies excitées contre Corneille, s'il ne les avait imprudemment réveillées en faisant paraître son Excuse à Ariste.

 

(...) Nous voulons seulement ajouter quelques mots sur les acteurs qui jouèrent à l'origine les rôles de la tragédie. M. Marty-Laveaux a fait à ce sujet de très-intéressantes recherches, dont nous pouvons profiter à notre tour. Mondory représenta Rodrigue pendant quelque temps, mais il fut frappé d'une attaque d'apoplexie qui lui enleva la parole. Mlle Villiers joua Chimène, ainsi que nous l'apprend Scudéry dans sa Lettre à l'Académie, p. 5. D'après M. Aimé-Martin, qui ne cite, il est vrai, aucun texte à l'appui de son dire, le personnage de don Diègue aurait été créé par d'Orgemont; ce qui est certain, c'est qu'il fut rempli ensuite par Le Baron, qui mourut en 1655. Le rôle de l'Infante, si souvent et si justement critiqué, fut joué par Mlle Beauchâteau et ne fut sans doute composé que pour elle. «Doña Urraque, dit Scudéry dans ses Observations sur le Cid, n'y est que pour faire jouer la Beauchâteau.» Corneille fait lui-même cet aveu, dans son Discours du poëme dramatique, quand il dit: «Aristote blasme fort les Episodes détachez, et dit que les mauvais Poëtes en font par ignorance, et les bons en faveur des Comédiens, pour leur donner de l'employ. L'Infante du Cid est de ce nombre, et on la pourra condamner ou luy faire grace par ce texte d'Aristote, suivant le rang qu'on voudra me donner parmy nos modernes.»

 

Un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale (Msc. fr., no 2509, ancien fonds de Versailles no 237) nous donne une liste complète des acteurs qui jouaient le Cid, à l'époque de la mort de Corneille. Ce manuscrit intitulé: Repertoire des Comedies françoises qui se peuvent jouer eu 1685, a été exécuté pour le Dauphin, 15dont la reliure porte les armes. Il contient la distribution complète de 73 pièces des deux Corneille, de Rotrou, de Du Ryer, Molière, Racine, etc., plus une liste de 28 «petites comedies», sans l'indication des acteurs. Ces pièces formaient le répertoire courant des comédiens du roi au commencement de l'année 1685 (il est probable que le manuscrit fut exécuté avant l'époque du carnaval).

Émile PICOT « Bibliographie Cornélienne » 1876

CORNEILLE Pierre « Le Cid, Tragi-Comédie » - 1644

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