LACRETELLE Jacques de
« La Bonifas »
Paris, Gallimard, 1929, in-4 (28,5 x 20 cms), 321 pp.
Reliure demi-maroquin bleu nuit à coins, dos à cinq nerfs, titre doré, fers dorés dans des caissons soulignés par des filets dorés et des dentelles à froid, tête dorée, couvertures conservées, intérieur très frais.
Édition illustrée de 72 lithographies par Yvonne PRÉVENAUD.
Ouvrage numéroté, l'un des 14 exemplaires sur Vieux Japon teinté accompagné d'une suite sur Vieux Japon (N° 16), après 1 ex. sur Chine, accompagné de trois suites, après 9 ex. sur Chine accompagnés de 2 suites sur Vieux Japon et Chine et avant 120 ex. sur Vélin de Rives.
Élégante reliure non signée.
[Jacques de Lacretelle (1888-1985)est un écrivain français.
Avec son père, consul général, Jacques de Lacretelle passa son enfance à Salonique, Alexandrie et Florence mais après la mort de celui-ci il fut élevé par son grand-père Pierre-Henri de Lacretelle. Après avoir fait des études au lycée Janson-de-Sailly, il poursuivit ses études à l'Université de Cambridge.
Pendant la Première Guerre mondiale, il ne peut rester sur le front pour des raisons de santé et se consacre alors à la littérature.
Il commence sa carrière littéraire en 1920 en faisant publier "La Vie inquiète de Jean Hermelin", à l'âge de 32 ans. Il publie "Silbermann" en 1922 aux éditions Gallimard qui obtient le prix Femina et sera traduit en dix langues.
Romancier d’analyse, maîtrisant, avec un style parfaitement et élégamment classique, Jacques de Lacretelle n’hésitait pas à traiter de sujets fort osés pour l’époque, comme il le prouva avec son ouvrage suivant, "La Bonifas" (1925).
En 1929 il obtient le Grand prix de l'Académie française pour "L'amour nuptial" et de 1932 à 1935 il écrit "Les Hauts-Ponts" en quatre volumes qui décrit la décadence d'une famille sur trois générations.
Il est élu le 12 novembre 1936 à l'Académie française, devenant ainsi le troisième académicien de sa famille. Âgé de quarante-huit ans au moment de son élection à l’Académie, Jacques de Lacretelle devait en devenir le doyen à la fois d’âge et d’élection, puisqu’il y siégea fort assidûment pendant quarante-huit ans.
Il a fait partie de la rédaction du journal des Croix-de-feu, "Le Flambeau" ; il était membre du Parti social français. En outre, il joua un rôle prépondérant lors de la renaissance du Figaro, à la Libération.
Portrait d'une femme « pas comme les autres ». Dans une petite ville de province, au début du XXe siècle, sa singularité condamne la Bonifas à être solitaire, moquée, haïe, persécutée. Mais voici la guerre de 1914, l'invasion. La Bonifas y trouve l'occasion de sublimer ses qualités viriles. Devenue une héroïne, elle termine dans les honneurs une existence faite d'élans inapaisés, de frustrations, de regrets inavoués.
Jacques de Lacretelle montre la trame permanente du caractère ; il étudie sa nature même et non ses manifestations accidentelles. Il choisit un caractère puissamment marqué, celui d'une femme, Marie Bonifas, que son aspect quelque peu viril, brutal, de grosses lèvres moustachues, de lourdes mains, rendent dès l'abord peu sympathique et peu à peu condamnent à l'isolement. Avec le temps, la conduite de Marie se radicalise : elle fume, monte à cheval et son habillement devient « typiquement » lesbien. Son refus de se marier lui vaut une mauvaise réputation. On lui envoie des lettres d'insultes, on brise ses vitres, on peint sur ses murs des inscriptions outrageantes, on crie de tous côtés : « À l'eau, la goule ! »
Lacretelle suit son personnage sur une période d'une quarantaine d'années : l'enfance avec des passions et des colères subites, l'adolescence au grand air, puis, à dix-huit ans, l'installation dans la petite ville de Vermont, où elle reste inadaptée ; son amour pour Claire qui donne lieu à des racontars. On attribue à l'homosexualité son affection trop ardente pour cette fille malade qui meurt de consomption.
Puis la guerre éclate, l'ennemi est à Vermont, et l'énergie, l'autorité passionnée de Marie Bonifas font d'elle une héroïne de courage civique, ses concitoyens l'admirent et la glorifient. La guerre offre la rédemption. Mais elle reste triste et solitaire.
Rien en elle n'est radicalement différent ; mais les circonstances ont révélé que sa nature presque anormale, source de scandale dans la petite ville potinière, la haussait aux plus fières vertus en temps de crise.
Sur la trame permanente du caractère, certains accidents se détachent comme vicieux ou vertueux, sans que leur nature profonde soit différente.
Lacretelle n'est pas optimiste, la solution qu'il propose, c'est l'utilisation rationnelle des qualités sociales de la lesbienne.
Pour se faire pardonner son « vice », elle devra se dévouer entièrement à la société et faire de sa force virile, qui d'ordinaire la handicape, un atout. Il est clair que cette acceptation sociale a pour contrepartie l'abandon de toute idée de vie en commun avec une femme. Victime d'un penchant qu'elle n'a pas choisi et d'une société qui la rejette, la lesbienne suit son chemin de croix jusqu'à la mort.
Source : Babelio]
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SKU : Réf.526
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